Thursday, June 09, 2005

Le Harem et l’occident, de Fatima Mernissi

Il y a quelques semaines, je suis tombé, par hasard, sur l’émission d’Al Jazeera, « Al kitab khayro jaliss » (« le livre est le meilleur compagnon ») de Khaled Alhroub. Il invitait, pour l’occasion, Fatima Mernissi pour parler de son livre « Scheherazade goes west » (la version française est intitulée « le Harem et l’occident »). L’idée principale du livre serait, semble t-il, que l’occident, tout en fantasmant sur le harem de l’orient, s’est tout autant constitué un harem occidental, en emprisonnant la « femme idéale » dans le portrait robot résumé par : «sois belle et tais-toi».

Tout au long de l’émission, Fatima Mernissi donnera des exemples de ce harem à l’occidentale. Ainsi, explique t-elle, pour de nombreux peintres occidentaux, comme Matisse ou Delacroix, la femme, dont ils dressaient le portrait, était soit allongée, soit malade ou nue. Au contraire de la femme orientale « idéale » qui était beaucoup plus active, montait le cheval, etc.. Ceci explique, selon elle, que les occidentaux décrivent Scheherazade comme une femme passive, emprisonnée dans les palais, stupide, uniquement servant le vin, alors qu’en vérité, c’était une femme intelligente, faisait de la poésie,…

Pour des raisons similaires, elle se montre assez critique de l’image de la femme dans le cinéma occidental. Elle fera également part de quelques anecdotes, comme lorsque, arrivant aux états unis pour étudier, une collègue lui suggéreras d’enlever ses boucles d’oreilles, lui expliquant qu’elle ne pouvait être, et intelligente et belle à la fois, et qu’il fallait choisir. Sans la convaincre toutefois ! Fatima évoquera, également, la pression subie par les femmes occidentales pour garder une forme de poupée Barbie. Elle précisera, notamment, que le concept de beauté des femmes chez les Arabes s’adapte avec l’age, au contraire du concept occidental qui est sans pitié. D’autres détails intéressants peuvent être retrouves dans cette transcription (en arabe), publiée sur le site web d’Al Jazeera.

L’émission pourrait laisser l’impression d’un livre apologétique de la femme arabe et incendiaire à l’égard de la femme occidentale. Je ne pense pas que ça soit l’objectif de Fatima Mernissi. Le livre peut être vu, simplement, comme une réponse aux fantasmes de l’occident par rapport au « harem de l’orient », à la « passivité de la femme arabe », etc.

2 comments:

Jallal EL Idrissi said...

Effectivement, Mernissi parlait surtout en « darija », ce que je trouve dommage.

Sinon, je pense qu’il n’est pas nécessaire pour un écrivain de proposer de solutions ou d’alternatives. Mernissi peut se contenter d’être critique vis à vis de la société, que ce soit occidentale ou arabe, dénoncer les injustices et les simplismes qu’elle croit déceler. Un intellectuel peut, tout à fait, jouer brillamment son rôle en étant simplement un témoin critique et sans complaisance de son temps. Effectivement, il doit être assez clair dans ses positions pour éviter la confusion d’un coté ou d’un autre. Si en plus, il propose des solutions, tant mieux.

Anonymous said...

je ne trouve pas du tout dommage que Mernissi parle en darija, puisqu'on parle aussi égyptien, libanais et autres.
Sinon, pour les alternatives, Mernissi a beaucoup travailler sur le travail des rurale et des ouvrières. Elle a fait plusiuers propositions aux organismes nationaux et internationaux pour valoriser ces femmes et leur travail.